Il y a quelques années, j’ai perdu ma mère. Ce fut pour moi une expérience de vie bouleversante de devoir composer avec sa présence devenue absence désormais. Ce moment de perte où l’instant et l’éternité semblent ne faire plus qu’un. La patience du chagrin dans ce vide douloureux m’avait obligé à un réapprentissage de la vie, d’une vie sans elle.
Il m’a alors fallu intégrer cette réalité dans mon travail créateur pour y retrouver peu à peu un sens et continuer d’avancer.
Mon intérêt déjà existant pour des thèmes sociologiques et philosophiques, la condition humaine en général et la vulnérabilité de la vie en particulier a été aiguisé par ce vécu.
J’explore et je m’exprime avec et autour du fil.
Je ne recherche aucunement une expression figurative, mais plutôt émotive, formelle et symbolique.
Le point jusqu’au cercle y sera un protagoniste inévitable. Il porte l’idée du cercle de la vie, du vide, du néant, comme de l’équilibre entre le négatif et le positif, entre la vie et la mort. Il renferme symboliquement toutes nos angoisses liées à la mort.
Animée par une approche beaucoup plus expressive qu’auparavant, j’explore désormais des thèmes autour du deuil. La mort étant quelque chose à laquelle on semble ne jamais s’habituer, m’inspire des questionnements sur la perte, le vide, la mémoire, la nostalgie, le temps… etc.
Le choix de couleur pour ce projet est principalement graphique. Je me promène du blanc au noir. Il y a par moment du rouge pour faire allusion au sang qui coule dans nos veines et qui évoque la préciosité de la vie, son mystère. La couleur de l’or m’est comme un baume. Elle me procure un bien être, une sorte de consolation en l’utilisant. Elle est inspirée d’une citation que j’ai trouvée dans le journal que ma mère avait mené depuis son diagnostic et contrebalance ainsi la tragédie.
« Il y a des souvenirs qui sont si dorés, qu’ils prêtent encore une lueur au présent le plus pauvre. »